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Articles Par Mois

28 octobre 2008 2 28 /10 /octobre /2008 20:09

Aujourd'hui, alors que je me rendais chez mon agent, je suis tombé sur le nom de Philip José Farmer écrit sur un dossier dans son bureau (avec lequel est en contact en raison d'une affaire de droit sur une nouvelle). En passant, elle m'a appris que ce dernier, qui a 90 ans, était très malade. J'espère qu'il se rétablira et vivra jusqu'à cent ans, lui qui a si souvent rêvé des histoires d'immortels.


Je ne sais pas pourquoi mais la simple lecture de ce nom dans un endroit où je ne me serais pas attendu à le voir m'a mis dans un état très étrange. Philip José Farmer fut l'un des premiers écrivains de science fiction que j'aie lu. Un ami m'avait offert le Fleuve de l'Eternité lorsque j'avais douze ans et le souvenir de cette lecture buissonnière (je crois avoir manqué l'école et créé une fièvre fictie juste pour pouvoir terminer le quatrième tome) est encore à ce jour un de mes plus chers. J'ai relu le Fleuve de l'Eternité, il y a quelques années, et j'y ai vu nombre de trous narratifs, d'erreurs de construction, de scènes de remplissage, mais l'énergie , l'imagination foisonnante et le plaisir, alliée à un high concept de génie étaient toujours là.

Philip José Farmer fut en passant un précurseur pour le comics actuel – et j'irais jusqu'à dire qu'Alan Moore lui doit beaucoup. Ce n'est pas un immense écrivain mais il fut prolifique, généreux et toujours imaginatif. Et encore aujourd'hui la simple lecture de son nom arrive à me mettre de bonne humeur.
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16 octobre 2008 4 16 /10 /octobre /2008 11:00
Cœur perdu en Atlandide est à mon avis l'un des meilleurs livre de Stephen King. C'est en tout cas un de ses plus ambitieux d'un point de vue formel. Composé en apparence de cinq nouvelles reliées entre elles, Cœur perdu en Atlandide est en réalité bien un projet littéraire extrèmement cohérent, qui ne devient perceptible qu'une fois le livre refermé. L'adaptation cinématographique (qui se concentra seulement sur la première nouvelle du livre) ne rendit pas justice à la profondeur thématique de l'original qui avait pour projet d'explorer continent perdu des années 60, et l'échec de la génération des Baby Boomer.

Construit à la manière d'un puzzle, le roman possède une qualité onirique et une mélancolie qui le place parmi les meilleurs Stephen King. La nouvelle centrale, qui lui donne son nom, raconte ainsi la frénésie ludique qui s'empare d'un étudiant, en train de rater ses études et de passer à côté de sa vie parce qu'il préfère jouer à un jeu de cartes. À travers l'anecdote, Stephen King parvient à nous parler du Vietnam, de la contestation, de l'addiction, mais surtout de l'innocence et du temps perdus.

Excellent exemple de l'art de la transposition fantastique et de l'allusion, Cœur Perdu en Atlantide est le livre d'un écrivain de premier plan qui fait un bilan honnête de sa génération, loin de la gloriole et des rotomontades dont ont fait preuve récemment nombre d'ex-soixante-huitards par chez nous.

"Bien que ce soit difficile à croire, les années soixante ne sont pas une fiction : elles sont vraiment arrivée."
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16 septembre 2008 2 16 /09 /septembre /2008 17:00
Malheureusement, je n'ai pas lu l'Île au Trésor lorsque j'étais enfant. Pourtant, mon frère et moi en avions un exemplaire, dans une édition bariolée avec des illustrations basées sur le film produit par Disney. J'aimais lire. Je lisais beaucoup de livres et de toutes les sortes possibles. Mais celui-là je ne l'ai pas lu. Pourquoi ? Je ne suis pas très sûr. Peut-être en partie parce que je trouvais les illustrations hideuses. Surtout,  je me souviens avoir vu sur une page intérieure que c'était une adaptation et non un texte intégral. Je sais que j'ai tourné plusieurs fois autour de ce livre, me décidant presque à le lire, mais qu'à chaque fois, c'est cette mention qui, redécouverte, m'a retenu d'aller plus loin. Je n'avais qu'une idée vague de qui était Stevenson, mais je ne voyais pas vraiment de raison de découvrir une version édulcorée de son livre.

Je me demandais ce qui pouvait manquer, ce qu'on avait pu changer (j'ai le souvenir vague d'avoir été très en colère lorsque j'avais découvert que la fin de certaines histoires "adaptées pour les enfants" étaient en fait trahies lorsqu'elles étaient trop sombre, comme une version très édulcorée des Trois Mousquetaires dont j'ai un vague souvenir et qui fait carrément l'impasse sur tout ce qui suit l'affaire des ferrets). Dans le cas de l'Île au Trésor, et à cause du titre, je sentais confusément que cet histoire me plairait et que je n'avais pas envie de la gâcher. J'ai donc attendu. Peut-être à tort. Mais on ne devrait jamais sous-estimer la capacité des enfants à se méfier de ce qu'on prétend faire pour eux.

J'ai donc lu l'Île au Trésor bien plus tard, lorsque j'étais adulte. Et au bout du compte (je pèse mes mots) il s'agit à ce jour d'un des plus grands chocs littéraires qu'il m'ait été donné d'avoir. L'Île au Trésor est peut-être une histoire pour enfant (c'est en tout cas dans cet esprit que l'écrivit Stevenson), un pur récit d'aventure, mais, à mon avis, bien peu de récits égalent la perfection des situations crées par Stevenson, son invention constante, sa construction sans faille, et le pur plaisir de lecteur qu'il nous offre. Aujourd'hui, j'en ai trois ou quatre éditions (dont une en Anglais), et je lis l'ïle au Trésor assez régulièrement (à chaque fois que j'ai besoin de retrouver le plaisir de lire après avoir perdu mon temps avec des livres médiocres).

J'ai dévoré l'Île au Trésor après la découverte des Essais sur l'Art de la Fiction de Stevenson, que je conseille vivement à toute personne qui veut se remettre les idées en place et se libérer définitivement du lavage de cerveau effectué par l'éducation française en matière de littérature. Cependant, je n'ai parfaitement compris la nouveauté et la portée des Essais qu'après avoir lu l'ïle au Trésor, bien que ce ne soit absolument pas un roman à thèse. L'Ile au trésor, bien au contraire, est un roman qui ne s'excuse pas d'être un roman et ne cherche pas de faux semblants pour s'autoriser à être avant tout un récit : c'est donc l'œuvre d'un artiste exigeant et généreux qui a une très haute idée de la littérature, trop haute en tout cas pour négliger le plaisir qu'elle procure. Stevenson a créé le parfait roman de pirates que "nous aurions voulu rêver pour nous-même".

Nul ne doute aujourd'hui que l'Île au Trésor soit un classique, mais, par les temps qui courent, cela ne veut plus dire grand chose : on appelle de ce nom toute œuvre ayant survécu dans les mémoires le passage d'une génération…  En France, bien peu (à l'exception de Michel Le Bris) osent clamer que l'Île au Trésor est aussi le manifeste d'une vision moderne et toujours révolutionnaire de la littérature (ce que devraient être les vrais classiques).

Pourtant, nous sommes loin d'avoir fini d'explorer les chemins de l'Île au Trésor, ni d'avoir découvert toutes les pépites, tous les joyaux qui y sont enterrés.

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