30 septembre 2008
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Un dimanche après-midi des années 70, j'ai vu ce téléfilm avec mon frère. Plus ou moins inspiré de l'histoire de la Marie Céleste et des légendes de tabloids sur les soi-disantes disparitions mystérieuses du triangle des Bermudes, Le Triangle du Diable (Satan's Triangle en V.O.) racontait l'histoire d'un navire dérivant en mer dont tout l'équipage était retrouvé mort d'une façon assez bizarre. Seule une femme, je crois, avait survécu (elle était jouée par Kim Novak). Je ne me rappelle plus de tous les détails, mais il y avait un marin qui était transpercé par un narval, un autre qui recevait une poulie en plein visage, un pasteur noyé... Au final le mystère s'avérait être expliquée par une histoire de possession démoniaque (je crois que c'était le pasteur, qui revenait d'ailleurs à la vie à un moment par le pouvoir du démon qui le possédait, je suppose). A la fin du téléfilm, le héros, un secouriste joué par l'immense Doug McClure – les connaisseurs apprécieront –, quittait le bateau en hélicoptère et un effet spécial horrifique (une lumière rouge dans les yeux) permettait de comprendre subtilement qu'il allait ramener le démon qui avait causé toutes ces horreurs dans notre monde (s'il ne poussait pas tout le monde à s'entretuer dans l'hélicoptère auparavant).
Ça m'avait terrifié, à l'époque, je crois même que j'en ai fait des cauchemars (j'avais sept ans grand maximum). Et avec mon frère, on n'évoquait ce film qu'à voix basse, comme pour éviter que le démon ne nous entende et ne vienne s'occuper de nous. Au fur et à mesure des années, je me suis rendu compte en en parlant autour de moi, que presque tous les gamins de ma génération qui avaient la télé ont vu ce téléfilm et en ont été marqués, comme une autre génération avait été marquée par Belphégor (mais au final, je n'ai jamais entendu qui que ce soit mentionner ce souvenir sans une nuance de délice – les histoires qui font peur sont en fait nécessaires aux enfants). J'ai d'ailleurs presque fini par me persuader que ce téléfilm était peut-être un chef d'œuvre inconnu de l'horreur.
Et puis, un jour je l'ai revu… Ce devait être sur M6, quand ils raclaient les fonds de tiroirs pour un "jeudi de l'angoisse"). Et là, comment dire… C'était lourdingue, longuet, pas très bien joué (il y avait Doug McClure, quoi…), les effets spéciaux étaient risibles, et toutes les ficelles étaient aussi apparentes que possibles. Bref… je me suis rapidement efforcer d'oublier cette redécouverte tardive (ce devait être au début des années 90). C'est chose faite et aujourd'hui, je préfère me rappeler le Triangle du Diable tel que je l'ai découvert. Sous cette forme, il reste bien plus flippant que n'importe quel film d'horreur interdit au moins de seize ans que je pourrais voir aujourd'hui. Cette fiction-là, qui est doit surement plus à l'imagination d'un garçon de sept ans, qu'au téléfilm de Sutton Roley (un téléaste qui réalisa des épisodes de presque toutes les séries à succès des années 60-70, dont Des Agents Très Spéciaux, Mission Impossible ou Strasky et Hutch), personne ne la verra plus jamais - pour la découvrir inaltérée, il faudrait une machine à remonter le temps et le gadget pour effacer les souvenir que possèdent les Men in Black. Mais si vous avez grandi dans les années 70 et que vous étiez devant votre poste de télé vers 78-79, il est fort possible que vous en ayez une version assez proche dans un coin de votre mémoire.
Et d'ailleurs, j'évite encore d'y repenser quand je suis seul la nuit, dans une maison isolée (ce qui m'est arrivé plus souvent qu'on pourrait le croire). On ne sait jamais.
Ça pourrait faire venir le démon.