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Articles Par Mois

15 octobre 2008 3 15 /10 /octobre /2008 11:00
Children of Men d'Alfonso Cuaron est-il de Blade Runner des années 2000 ? Je ne suis pas loin de le penser. A la différence près qu'il n'a pas été défiguré par un producteur incompétent à sa sortie. Malgré une critique à peu près unanime outre-atlantique pour louer ses qualités, le grand public est un peu passé à côté du film à sa sortie. Cependant, petit à petit, par le bouche-à-oreille autant que par son influence sur d'autres œuvres, le film est en train de trouver la place qu'il mérite.

Children of Men se déroule dans un futur proche où les naissances ont brutalement cessé. L'individu le plus jeune de l'humanité a dix-sept ans… et vient juste de mourir d'un accident lorsque le film commence. L'humanité vieillit inexorablement, mais elle est loin d'attendre pacifiquement sa fin qui approche : chaos et émeute ont eu raison de presque tous les système, à l'exception de l'Angleterre qui s'est tournée vers un système autoritaire, s'est fermée sur elle-même et traite les réfugiés comme du bétail.

Le héros, Theo Faron, joué par Clive Owen, est déjà un fantôme : ancien activiste, il est aujourd'hui désabusé et indifférent, en apparence, au chaos dans lequel le monde est plongé. Il sera sorti de son apathie par son ex-femme, qui fait partie d'un groupuscule de résitance lorsqu'elle lui demande d'obtenir des papiers pour faire voyager une immigrée.

Si le film a l'apparence un pur thriller politique, il est en réalité beaucoup plus que cela, car il obéit à une construction mythologique d'une grande richesse. Tous les éléments classiques du voyage du héros campbellien s'y retrouvent condensés et réinterprétés, non parce que le film obéirait à une recette, mais parce qu'il nécessite un tel dispositif : Theo Faron n'est pas seulement le protagoniste, un vecteur d'identification pour le spectateur, il est notre humanité moderne, qui patauge dans le noir, et se lance sans y croire dans une quête idéaliste pour notre survie peut-être dénuée de fondement ou même de mérite. Il ne s'appelle pas Théo parce qu'il serait symboliquement Dieu le père, comme l'ont sottement interprêté certains critiques, mais bien par ironie - il est le dernier miracle, le dernier refuge de notre foi en l'homme.

Parce que ma démarche est avant tout de parler du scénario, je n'aborderai pas ici la mise en scène sinon pour dire qu'elle est à la hauteur du script. Ce dernier est bien un modèle du genre : classique sans se réduire à des formules (l'idée de la balle de ping-pong mériterait à elle seule des pages d'analyse), novateur sans perdre de vue les principes fondateurs de la narration. Le résultat est parfait et donne un des plus beaux films de cette décennie, qu'une seule vision ne suffira pas à épuiser.
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commentaires

J
Bien d'accord.Le parallèle avec Blade Runner est développé par l'excelllllent Rafik Djoumi ici :http://www.dvdrama.com/news-17406-etranges-recurrences-les-fils-de-l-homme-blade-runner.php
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S
<br /> Merci pour le lien ! Je vais lire ça. J'aime généralement beaucoup les articles de Rafik Djoumi…<br /> <br /> <br />
D
Un de mes films préférés de ces dernières années. Quand j'y repense, je ne vois que des images dessinées en noir et blanc. Toute la beauté des grandes tragédies est réunie dans Children of men. Qu'est-ce que j'ai pu pleurer...
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G
C'est aussi et surtout l'un des films d'anticipation les plus réalistes - et du coup les plus effrayants - qui nous aient été donnés de voir. Une réussite d'autant plus exemplaire que le film n'était pas, au moment de sa sortie, porté par une campagne publicitaire colossale. C'est ce qu'on appelle une perle.
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M
Quel hasard ! j'ai vu ce film passé assez inaperçu chez une amie au mois d'avril, mon amie avait adoré et j'étais totalement sciée. Je suis donc agréablement surprise que tu en parles vu que nul n'en parle. Alors que c'est énorme comme histoire. Mais tu en parles bien donc je ne vais pas en rajouter.
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